Matin :
J68 ; Fanny refait ce matin une poussée de fièvre (38,7°) malgré les traitements mis en place il y a 48h; Au niveau respi , nous avons de nouveau affaire à ce p... de pseudomonas avec en plus des enterocoques , enterobacters.. Nous attendons avec impatience les résultats des antibiogrammes et de la culture du LCR.
D'après Ibrahim qui s'occupe d'elle ce matin , elle a l'air sereine dans son sommeil , toujours sous respirateur.
Elle se bat de toutes ses forces notre prunette..
Grosses bises à chacun d'entre vous et merci d'être toujours là ,
Merci aussi à Karim qui s'est si bien occupée d'elle ces dernieres après midi , à Catherine qui me rassure si gentiment chaque nuit, et à Virginie qui prenait soin d'elle hier matin.
Soir :
L’état de Fanny est très préoccupant, de la fièvre depuis cette nuit et surtout cette figure qui semble de cire avec peu de couleur. Alors vous revenez vers la salle d’attente et puis, vous ouvrez le journal pour vous détendre et vous tombez sur un article « Le coma le plus fréquent ».
Cet article vous explique, grand médecin à l’appui, qu’il y a des milliers de personnes en Belgique qui tombent chaque année dans le coma. Que 9 % de ces personnes en échappent, que les 91 autres % survivent aux soins intensifs ou meurent. Et là, vous vous dites que vous auriez mieux fait de ne pas ouvrir ce foutu journal, car en plus de n’être qu’un simple article dérisoire d’information vous n’avez qu’une toute petite analyse du vaste problème.
Et votre problème est énorme, il s’agit de votre fille, de Fanny, cette fille allongée sur le lit en face de vous. Mais vous refusez de croire que cela peut arriver, car c’est de votre fille qu’il s’agit. Alors, vous bombez le torse, vous remontez les épaules, vous prenez une grande inspiration, vous regardez vers l’avenir, vous faites le vide en vous et vous voilà l’esprit serein.
Une mauvaise anecdote en passant, le martien est revenu dans le service. Nous vous en parlerons un jour lorsque Fanny ira mieux, mais pour nous c’est une petite source d’inquiétude.
Demain, le capitaine maintient son opération malgré son état. Enfin, pour le moment car tout peut changer à la minute. Notre confiance dans le capitaine est sans faille, nous savons qu’il fera ce qu’il juge et qui sera le meilleur pour Fanny. De plus, cette opération va se faire « sans filet» mais sous contrôle car depuis le début de l’accident de Fanny, tout est une question de créativité.
Créativité, voilà un mot qui semble un peu péjoratif, pourtant c’est le terme qui s’applique le mieux. Dans la créativité il y a la notion d’action (de réaction), de création, de construction. Et ce sont ces trois notions qui mises ensemble arrivent à former un grand chirurgien. En effet, il doit sur une fraction de seconde décider de son action, en ayant son esprit constamment aux aguets pour trouver rapidement des solutions et ainsi arriver à construire son intervention. Cet accident est très important. Je pense que rien d’aussi fort ne s’est produit dans ce service. C’est donc une nouveauté à chaque instant.
Que va-t-il se passer, comment Fanny va-t-elle réagir, comment les germes vont-ils être éradiqués ?
Demain vers 14 heures, merci de penser très fort à Fanny, elle va en avoir besoin.
Ce soir en quittant sa chambre Fanny était un peu plus rose. La fièvre tombait grâce au « Père FU » (de son vrai nom perfalgan mais l’équipage dit perfu).
Nous allons passer un début de nuit calme grâce à cela.
Excellente nuit à tous