Petit à petit, Fanny refait son nid
Des nouvelles de Fanny, cette jeune de 15 ans à l'hôpital depuis le 22 décembre.
Fanny se bat toujours contre la mort. Mais surtout pour la vie. Elle est dans le coma depuis son accident, un coma provoqué et nécessaire. Chaque jour qui passe est ... un jour qui passe, qu'il faut prendre comme un bon signe. De nombreux signaux médicaux montrent que le corps réagit bien. Mais on n'a encore aucune certitude, si ce n'est que la vie bat en elle. Aucune info non plus sur les séquelles qu'elle en gardera. Peut-être aucune. Espérons-le. Espérons en effet qu'en se réveillant un jour prochain, son sourire l'illumine. Mais que fais-je ici ? dira-t-elle en voyant tant de messages et de photos affichés autour de son lit. Tout le monde en rêve.
Cet espoir se nourrit d'un formidable mouvement qui l'entoure. Toutes les heures et les minutes qui ont suivi ce funeste 22 décembre.
Ses parents en premier lieu. Admirables Claude et Jérôme qui se complètent merveilleusement. Ils nous informent systématiquement, Claude tous les matins, Jérôme tous les soirs. En signant "sa maman et son papa" pour la première et "son papa et sa maman" pour le second. Les messages de Claude sont plus scientifiques, ne nous épargnant quasi aucun détail. Un peu comme s'il y avait un contrat. Soutenez-nous, on ne vous cache rien.
Je suis bouleversé par cette capacité de Claude à Jérôme à communiquer autant les faits que les émotions. Ca leur donne certainement de l'énergie. Ca structure leur journée, leur combat. Mais ça encourage aussi nos énergies à nous. (Je réécris en ce moment mon bouquin sur la communication. Je suis sûr que j'évoquerai cela. Parce qu'il y a quelque chose d'exemplaire.)
"Nous", ce sont les 2.683 membres du "Groupe de soutien pour Fanny Allard", ouvert sur Facebook pour récolter les messages et toutes les pensées positvives.
Ce groupe ne désemplit pas. On dirait qu'il y a toujurs quelqu'un qui y veille. Le nombre de messages ne tarit pas. Chaque message de Claude ou Jérôme reçoit des centaines de "I like". Ils sont attendus, ces messages. Les amis viennent aux nouvelles. Discrètement, sans faire de bruit.
Dans ce groupe, il y a des parents, bouleversés par ce qui arrive à d'autres parents. Chacun s'en sent solidaire évidemment, et si c'était à moi que ça arrivait ?... Il y a énormément d'amis de Fanny, aussi, des ados dont c'est sans doute la première expérience à ce point traumatisante. Ce flirt avec la mort qui peut arriver si facilement, si bêtement. Si soudainement, une veille de vacances de noël, l'horreur juste avant les fêtes.
Ces jeunes rentrent à l'école aujourd'hui. Une place sera vide. Fanny sera absente physiquement, mais drôlement présente en pensées. Tous ses amis lui souriront. Un flux d'ondes positives passera de l'athénée à l'hôpital, le long des berges de l'Escaut, ce vieux long fleuve tranquille.
Dans le mouvement qui tourne autour de Fanny, il y a aussi et surtout l'équipe soignante. A commencer par ce médecin atypique, dont nous parlent Jérôme et Claude. On a tous envie de le connaître, ce toubib. Lui serrer la main, lui dire merci, lui faire part de notre admiration. Ce combat pour la vie, c'est le sien aussi et avant tout. Avec Fanny. Et avec toute l'équipe, dont nous parlent également Jérôme et Claude. Une équipe mobilisée, soudée, forte. Fanny n'est pas un numéro, un cas parmi d'autres. Fanny, c'est "leur" Fanny, petite prunette de 15 ans qui ne demande qu'à vivre. On le sent, Fanny est dans de bonnes mains avec ces gens-là.
Voilà. Portée par tant de solidarité et de professionnalisme, tant d'humanité et de savoir-faire, Fanny, petit à petit, refait son nid.
par Pierre Guilbert, lundi 9 janvier 2012, 08:30