Marine
Marine
Un bateau qui dérive au bout de l’océan
Depuis qu’un ouragan a rompu ses amarres
Pour l’emporter soudain, dans ses bras de géant,
Vers ces climats troublés où les courants s’égarent.
Un jonque battue par des flots sans merci
Qui en vain ont tenté de lui voler son âme
L’attaquant sans répit, sous un ciel obscurci
Par les nuages noirs d’une tempête infame.
Comme ils ont fait souffrir la belle embarcation !
Les vagues l’ont roulée, ballotée, mutilée,
S’efforçant de broyer, avec obstination,
Tous les rêves de vie de la jeune exilée.
Mais les mois ont passé sans qu’elle ne chavire...
L’océan et les vents ont bien dû s’apaiser
Car, malgré la puissance extrême de leur ire,
Elle n’acceptait pas de se laisser briser.
Elle vogue aujourd’hui sur des eaux plus dociles
Au gré d’un étonnant périple qui, parfois,
Lui laisse apercevoir, dans le lointain, des îles
Dont les reflets dorés lui parlent d’autrefois.
La lumière d’un phare, issu de sa jeunesse,
Lui signale le port où elle aimait dormir
Et vient lui rappeler cette étrange promesse
Qu’il lui faisait, jadis, de toujours l’accueillir.
Un jour un alizé, une brise amicale,
Viendra d’un souffle doux l’aider à avancer ;
Elle pourra alors rejoindre cette escale
A laquelle son coeur ne cesse de penser...