La nuit Fanny
Cette nuit fut moche. Depuis le dernier avis de tempête de Jérôme, la vie du "Groupe" est bouleversée. C'est vrai, depuis quelques jours, la météo semblait s'orienter vers le beau fixe. Ou à tout le moins le redoux d'eaux moins turbulentes. En tout cas, on y croyait. Dès lors, cette phrase relatée du médecin nous trotte dans la tête. On la retourne dans tous les sens, et elle fait peur, terriblement peur. Non, nous ne voulons pas perdre Fanny !
Cette nuit fut différente. Les athées se sont mis à prier, les croyants à douter. Certains invectivèrent leurs dieux, d'autres s'y accrochèrent désespérément. Ou s’en inventèrent. Des parents qui en avaient perdu l’habitude se sont enlacés, se regardant dans les yeux sans rien dire. D’autres, discrètement, ont observé leur enfant dormir. Des je t’aime télépathiques ont fusé de partout, à destination d’enfants, d’ados, d’adultes. Beaucoup d’hommes, tout d’un coup, ont assumé leurs yeux humides. Des hoquets de larmes l’ont confirmé. L’image de Fanny, son sourire encourageant et ses yeux brillants, a défilé. En boucle et dans tant d’insomnies. Virtuellement, on a échangé des étreintes avec Claude, Jérôme, Andy. Et puis, tout autant virtuellement, on s’est serré la main, entre 2.906 amis, inconnus et anonymes, reformant une chaîne autour de vous, amis dans la tempête.
Cette nuit est engageante. Coûte que coûte. On se réveille et on guète. On craint le message de Claude, mais on le lira. Qu’il reste sans pudeur et sans tabou. Vrai. Sincère et honnête. Car on se dit que notre rôle n’est pas de faiblir. Notre seule fonction est d’y croire, de nourrir l’espoir. C’est la seule raison de ce groupe : être derrière vous avec optimisme, vous soutenir. Et tant pis si nous aussi on pleure ! Quand la tempête se fait plus forte, ça n’est pas le moment de faiblir. Tout le monde à son poste, l’espoir !
Quand il fait plus froid, on monte le thermostat. C’est ce qu’on vient de faire, au terme d’une nuit sans vrai sommeil.
par Pierre Guilbert, jeudi 12 janvier 2012, 08:11