A Fanny, Claudine et Jérôme
Ta vie, d’un brusque écart, a déchiré son aile :
Tu es tombée d’un coup dans la froideur du jour ;
Un mauvais tourbillon, ton âme qui chancelle,
Et ta jeunesse pleure un silence trop lourd.
Tu glisses dans des flots inquiétants et hostiles,
Et tu crois accepter ce frisson qui te prend ;
Mais tu saisis soudain, dans ta vie qui défile,
Un tout dernier secours : la main de tes parents.
Cette main, qui se tend, te réchauffe et te garde :
Elle brise la vague où tu disparaissais...
C’est ce don de l’amour qui sans fin te regarde
Et caresse ta joue qui déjà pâlissait.
Tu aurais pu choisir de ne pas te défendre,
De laisser se faner un souffle presqu’éteint...
Mais quelque chose en toi refusait de se rendre
Et tu combats depuis quand la fièvre t’atteint.
Et chaque jour qui passe apporte sa victoire,
Une marche reprise à l’échelle du temps.
Quand tu ouvres les yeux, que tu arrives à boire,
C’est un espoir conquis sur le destin pesant.
J’admire tes parents et j’aime ton courage...
Mais n’est-ce pas au fond le même sentiment ?
Les reflets rassemblés, en une seule image,
De trois cris de l’amour à peine différents.