J 216 – L’Odyssée de Fanny – Le CHR de Lille suite

25/07/2012 18:23

La nuit du 24 au 25 juillet s’est bien passée. Tout au moins nous l’espérons.
Après avoir dû hier soir réclamer, comme l’avait demandé le médecin précédent, que Fanny reçoive sa poche de nutrition, elle a attendu plus de 2 h 30 avant de la recevoir. En effet, je voyais Fanny se contracter régulièrement et je pensais que c’était son estomac qui réclamait un peu à manger. Imaginez, cela faisait 30 heures l’estomac vide.
Je suis parti à 22 h pour dormir un peu et l’ai laissée entre de bonnes mains.
Ce matin, sa maman était auprès d’elle dès 8h et Fanny semblait bien calme.
La matinée s’est passée sans problème et c’est à midi que Fanny a montré une première crise comme la veille. Immédiatement sa maman prévient le service afin de voir avec le médecin responsable qui venait de passer dans la chambre. «Il arrive Madame». Entretemps, me voilà arrivé pour relever sa maman. L’infirmière ne semblant pas prêter attention à notre discours, je décide d’aller chercher le médecin qui s’était magnifiquement occupé de Fanny hier (J’aimerai vous citer son nom car il est très bien, mais il faut respecter un anonymat et de la déontologie). Ce médecin, parfaitement à l’écoute des patients, me rejoint dans le quart d’heure malgré ses occupations. Il décide de venir voir Fanny directement et en fonction des examens d’hier et de la connaissance de sa patiente, il peut continuer le traitement et poursuivre ses démarches. La direction de la vessie est bien prise et il met en place son hypothèse d’hier, non sans avoir, en plus, pris l’avis d’une de ses consœurs urologue comme hier, (changement de sonde et médicaments). Le problème semblait résolu en 40 minutes. Génial. Ca c’est de l’action et de la réaction, le tout avec une sérénité exemplaire.
Petit briefing à l’infirmière car le responsable était absent.

Aïe, c’était sans compter sur l’arrogance du petit «professeur» responsable. J’ai donc vu, à 15 h, débarquer dans la chambre de Fanny le petit «professeur» avec son interne (et oui, c’est une clinique universitaire, on en reparlera), et visiblement très mécontent qu’un autre que soit venu à son secours. Ca faisait quand même 2 heures qu’on attendait son passage. Et c’est reparti ! On a l’impression d’être revenu au point de départ. De nouvelles pistes, et peut-être un examen. Je lui demande alors si il y a une communication entre le cinquième et le quatrième étage, ça semble normal n’est-ce pas ? Hé bien non, je pense que malheureusement Fanny a à faire à un petit roquet prétentieux qui se glorifie plus de son mode de pensée que de sa patiente. Et c’est là tout le problème de ce genre d’hôpitaux universitaires, «L’Ego des Docteurs». Il faudrait presque avoir fait un doctorat en communication pour pouvoir discuter avec eux en les ménageant, les brossant dans le sens du poil, en se prosternant régulièrement devant eux, … Voilà par qui Fanny doit être soignée. Le médecin ouvert du cinquième et l’arrogant du quatrième. Ah, mais Monsieur, le chirurgien n’est pas le neurologue.
Nous tout ce que nous voulons, comme je lui disais, est simplement que l’on puisse trouver ce qui va stabiliser et traiter le problème ainsi que rassurer Fanny. Surtout, aussi, de ne pas lui imposer des examens en double, voir en triple.
Et pour nous les parents de Fanny, il faut arrêter de nous transférer d’un service à l’autre, de nous demander d’expliquer chaque fois les mêmes symptômes, cela va éviter les discussions maintes fois répétées depuis 36 heures.
   L'infirmière : « Elle prend quoi comme traitement ? »
   le papa : « Ben il suffit de regarder dans son dossier »

   L'infirmière : « Non, non Monsieur, nous n’avons rien »
   le papa : « Si voyons, regardez bien, c’est noté sur une feuille »
   L'infirmière : « Ah oui, en effet nous avons cela, merci »

Je cherchais une image hier soir pour ce que nous vivions, alors j’ai pensé à un combat d’informaticiens programmeurs et vais essayer de résumer l’histoire. Attention, je n’ai absolument rien contre cette profession, c’est juste une image.
Imaginez !
Une petite puce électronique, vivait depuis longtemps paisiblement. La vie était simple pour elle et puis un jour, un problème surgit. Pas grave se dit-elle, je connais un informaticien qui va me régler cela directement.
C’est là que tous les problèmes commencent.
Elle va donc voir son informaticien qui, après l’avoir fait patienter pendant 6 heures, réalise quelques tests basiques. Une petite mesure par-ci, une soudure par-là, un test de paramètres, vérification de la mémoire interne, … Une première piste de diagnostic et transfert dans la pièce à côté.
Un autre informaticien passe et demande à la petite puce ce qui se passe. Elle explique en deux mots et le voilà qui se met à pratiquer les mêmes tests et de poser un autre diagnostic. Voilà ma petite demoiselle, on vous transfère dans une autre pièce et ça va aller.
Et suit le troisième informaticien, responsable de cette nouvelle pièce qui arrive la tête haute et l’air dédaigneux regarde la pauvre petite puce. Mmmmmhhh, que se passe-t-il ?, lui lance le nouveau. Et la pauvre puce de répéter de nouveau son problème. Je vois, je vois. On va attendre demain, aujourd’hui il est trop tard pour des examens, mais demain, nous referons les tests.
Les tests doivent avoir été faits plusieurs fois, les mêmes mais avec des informaticiens différents. L’un était pro Apple, l’autre pour Microsoft et le troisième pour Linux. Tous les trois était très compétents, mais chacun ne voyait que son monde, son univers de réflexion et aucun ne voulait se remettre en question.
La pauvre petite puce électronique est repartie chez elle, le problème avait disparu mais n’avait pas été résolu.

On verra dans cette histoire une simple affaire d’égo disproportionné chez des personnes. Aucun ne pourra faire l’effort de se remettre en question. Et pourtant, si la médecine était une science exacte, cela se saurait. Donc, aucun ne peut prétendre détenir la vérité. En travaillant ensemble, ils auraient pu faire plus vite, moins coûteux, moins d’attente et moins de stress.
Heureusement, certains médecins sont de cette trempe et j’en connais quelques-uns. Je crois que le médecin du cinquième est de ceux-là. Il a «osé» venir dans un autre service juste pour suivre sa patiente et la soulager.

16 h 20, une infirmière passe et son discours est déjà différent. On ne parle plus de la même chose, les informations sont contradictoires. Le message est-il passé ? Le petit roquet aurait-il réussi à téléphoner à son confrère pour travailler avec lui ? Ou est-on reparti pour une série d’analyse ? Qui veut avoir le dernier mot ?

17 h 20, le «grand professeur roquet» est entré triomphalement dans la chambre de Fanny pour expliquer les dernières avancées. Aurait-il compris qu’il vaut mieux communiquer ? Par contre, il n’a même pas daigné regarder Fanny et pourtant elle se réveillait pour lui dire «tu vois, je suis là». Il a tourné les talons, est sorti de la chambre sans oublier son air prétentieux, suivi par son interne collé à lui tel un rémora à son requin.
Et c‘est parti pour d’autres examens.

18h, sa maman vient reprendre la relève.

Fanny est calme et sereine, et ça, c’est le principal.

Son papa